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Génèse et symbolique de l'Art Roman
Génèse et symbolique de l'Art Roman
  • Le sens spirituel caché de nos églises romanes. Le pourquoi métaphysique de leurs édifications, de leurs plans, de leurs caractéristiques originales et de leurs orientations. La raison d'être des éléments architecturaux qui les constituent.
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27 octobre 2007

LES COULEURS DU SACRE


01

Pour les maîtres d’œuvre du Moyen-âge la couleur est un signe, un relais absolument nécessaire entre le monde visible et le monde invisible.
Dans les églises de jadis, comme dans tous  les temples dans le monde, la couleur était le support indispensable à la vibration de la matière, à la sacralisation du lieu.
En dehors des pierres dures qui étaient polies, tout était peint : les tympans, les chapiteaux, les piliers, les murs et les voûtes. Même la lumière du jour filtrée par les vitraux était colorée.

Peu de matière réfléchit la totalité de la luminosité ambiante, certaines, à l’instar du noir, absorbent même toutes les couleurs. La couleur permet à un espace architectural sacralisé de remplir plus efficacement son rôle primordial : unir en permanence le monde matériel au monde spirituel.

Au commencement, dit la Genèse, alors qu’il n’y avait que le néant et les ténèbres, Dieu créa la lumière plus éblouissante que le soleil. Il créa ensuite la terre, notre planète bleue, avec son ciel et ses océans. Enfin il créa l’homme à son image.

Ainsi furent crées les trois premières couleurs : le jaune, le bleu et le rouge, qui sont comme les trois côtés du triangle équilatéral, symbole de la Trinité Sainte.
Chacune de ces trois couleurs, en absorbant les radiations des deux couleurs qui l’encadrent, crée trois autres couleurs :
l’orange qui est un mélange de jaune et de rouge. Il est complémentaire du bleu.
- le violet, qui est un mélange de rouge et de bleu. Il est complémentaire du jaune.
-  le vert qui est un mélange de bleu et de jaune. Il est complémentaire du rouge.

Ces trois nouvelles couleurs qui se situent donc aux angles du Triangle, ont la propriété d’activer les vibrations, et l’intensité de la couleur qui lui est opposée est d’équilibrer, en l’unifiant, l’ensemble des radiations émises par le spectre.

Ce sont les pouvoirs de ces phénomènes physiques et les transmutations que cela pouvait engendrer sur les matériaux de construction, que les bâtisseurs d’églises utilisaient jadis pour sacraliser, d’une manière harmonique et selon le symbolisme des couleurs, les lieux de régénérescence spirituelle et de pratiques religieuses.


Le Jaune
Le jaune est dans un lieu saint, un chemin de communication entre les hommes et Dieu. Aveuglant comme le soleil, il est la plus expansive, la plus ardente des couleurs. Il est le véhicule de la jeunesse de la force et, comme l’or, de l’éternité divine.
Le jaune est à la base du rituel chrétien, sur les croix et les bannières, les chasubles des prêtres ; sur les autels, il est le signe de la vie éternelle, s’unissant très souvent à la pureté du blanc (le drapeau du Vatican).
Le jaune a une telle tendance à la clarté qu’il n’y a pas de jaune foncé. Il y a une affinité physique entre le jaune et la lumière.


L’Orange
A mi-chemin entre l’or céleste et le feu de la terre, la couleur orange peut aider l’homme de foi à trouver le point d’équilibre qu’il recherche entre l’esprit et ses passions trop humaines.
Les radiations qu’exerce cette couleur ont dans une église une incontestable action sur la libido des croyants et peuvent les aider à triompher de leurs passions et même de les éteindre.
L’orange symbolise la tempérance et la fidélité. Il est l’expression de la foi constante en la miséricorde divine.
C’est la couleur de la croix de velours des chevaliers du Saint-Esprit, mais aussi de la robe safranée des moines bouddhistes.

Le Rouge
De feu et de sang, c’est la couleur la plus fondamentalement liée au principe de vie.
Il y a le rouge de la force vitale matricale et celui de l’âme et du cœur.
Cette couleur incarne toujours l’ardeur et la beauté, la force impulsive et généreuse, le mûrissement, la régénération de l’être.
Couleur de la vie, c’est aussi la couleur de l’immortalité, de l’Amour libérateur et de l’Esprit Saint.
La couleur du Feu céleste qui embrase le cœur et le purifie. Les apôtres, le jour de la Pentecôte, reçoivent l’Esprit Saint sous la forme de flammèches incandescentes.
C’est la couleur de l’amour ardent que le chrétien pratiquant cherche à atteindre envers Dieu et son prochain. Le prêtre pendant la messe est vêtu de rouge et de blanc, qui ont alors une valeur sacramentelle et sacrificielle comme le vin et l’eau versés dans le ciboire et partagés avec le pain à tous les fidèles.


Le Violet
Dans l’échange perpétuel entre le ciel et la terre, par le jeu éternel des énergies de la matière, le violet représente l’éternel recommencement,  le renouvellement périodique, où la sublimation, la mort et l’ascension précèdent toujours toutes renaissances et la résurrection.
C’est la couleur de la transmutation faite d’une égale proportion entre le bleu et le rouge, les sens et l’esprit, la passion et l’intelligence, l’amour et la Sagesse.
Sur les monuments symboliques du moyen-âge le Christ porte toujours pendant sa passion, une robe violette. C’est le signe qu’il a complètement assumé son incarnation et qu’il marie totalement en lui l’homme, fils de la terre, avec l’esprit céleste impérissable en lequel il va retourner dans la gloire.
Aujourd’hui pour les funérailles le violet est toujours le signe du passage de ce monde à l’au-delà. Le chœur des églises est drapé de violet le jour du Vendredi Saint et violets sont aussi les rubans des bouquets et des couronnes mortuaires.

Le Bleu
C’est la plus profonde des couleurs, la plus immatérielle. Un mur bleu cesse d’être un mur. Les mouvements et les sons disparaissent dans le bleu.
Le bleu, lorsqu’il est clair, est le chemin de la rêverie. Entrer dans le bleu, c’est passer de l’autre côté du miroir. C’est le chemin de l’infini où le réel se transforme en imaginaire. Il est la couleur du bonheur.
Le climat qu’il crée est celui de la surréalité. Pour les égyptiens le bleu était la couleur de la vérité. Pour eux, La vérité, la mort et les Dieux allaient toujours ensemble. Au moyen-âge, comme déjà dans l’antiquité, les voûtes des sanctuaires étaient d’Azur et d’Or, car ce sont elles qui nous voilent la divinité et nous séparent de l’éternité. La lumière bleue de la sagesse est d’une éblouissante puissance. C’est elle qui ouvre aux hommes les voies de la libération.


Le Vert
Le vert est demeuré pour les chrétiens, l’Espérance, vertu théologale.
A Byzance, la couleur verte était symbolisée par le monogramme du Christ Rédempteur, formé des deux consonnes du mot vert.
Le vert pour les alchimistes, c’était la lumière de l’émeraude, qui pouvait seule percer les secrets de la nature. Lumineuse comme un cristal translucide, c’est d’elle, disaient-ils, que la nature se sert souterrainement pour toutes choses que « l’Art travaille ».
St-Jean, dans son Apocalypse, décrit sa vision de Dieu comme une vision de jaspe cristallin, comme une vision d’émeraude. C’est également d’émeraude qu’est le Graal, ce vase contenant la lumière divine.
Ayant en lui, et le bleu et le jaune complémentaire du rouge dont il active le rayonnement, le vert est partout, célébré comme la couleur du règne végétal et des eaux régénératrices et lustrales auxquelles le baptême doit toute sa signification symbolique. C’est la couleur de l’éveil de la vie.
La Vierge Marie, le jour de l’Annonciation, est revêtue d’une robe verte alors que le jour de l’Assomption, lors de son envol vers Dieu, sa robe s’imprègne déjà du bleu céleste et devient le bleu-vert turquoise dont étaient revêtues originellement toutes nos vierges noires.
Le vert symboliquement a toujours une valeur médiatrice entre le bas et le haut, la vie terrestre et la vie céleste.
C’est une couleur rassurante, rafraîchissante, nourricière, et comme la Mère de Dieu éminemment humaine.
Dans notre monde visible baigné de lumière solaire, la rencontre d’une couleur primaire avec sa complémentaire fait naître une troisième famille de teintes : les couleurs intermédiaires qui vont de l’ocre jaune à l’ocre rouge, aux bruns plus ou moins foncés.
Ce sont les couleurs du bois, des roches métamorphiques, de la terre et de la plupart des semences et des pelages.
En chacune d’elles se trouvent réunis, selon des nuances de tons extrêmement variés, l’ensemble des couleurs du spectre.
Ce sont pour nous, les humains, des couleurs apaisantes et équilibrantes, vivifiantes et régénératrices.
Pouvant être aussi lumineuses mais surtout beaucoup plus chaleureuses que le blanc, elles ont toujours été très utilisées par les bâtisseurs d’églises au Moyen-âge. Ce sont elles qui créaient à l’intérieur de ces édifices cette ambiance dorée si caractéristique des lieux saints.

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